Chaque semaine, Ben Wawe vous propose les reviews de ses lectures des sorties américaines !
Bonjour à tous et bon retour dans les critiques quotidiennes sur les sorties comics VO !
Après une absence provoquée par des difficultés informatiques, puis la pause estivale et un peu de rab’ pris pour la rentrée, nous vous proposons à nouveau des avis de Ben Wawe sur les comics VO récents.
Nous allons reprendre le rythme habituel sous peu, mais enclenchons ce retour par une sortie spéciale, concentrée ici sur les éléments forts de cette rentrée comics 2024. Nous parlons ainsi de nouvelles séries VO autant chez DC que Marvel !
Nous vous proposons ainsi un point sur DC All In Special #1 qui lance la saga sur Darkseid et l’univers Absolute, et les lancements des titres Storm et Sentinels chez les Mutants. De quoi bien s’armer pour la fin d’année et les événements à venir !
DC
DC ALL IN SPECIAL #1
Qui a pu échapper aux annonces sur la nouvelle branche Absolute de DC ? L’éditeur à deux lettres fonde beaucoup d’espoirs sur ce nouvel Univers, où des versions nouvelles des super-héros principaux (la Trinité d’abord, mais Flash et Green Lantern arrivent l’an prochain) existent sans des éléments fondamentaux de leurs existences. Batman n’a ni fortune, ni Batcave ; Superman n’a pas de Forteresse de Solitude ; Wonder Woman n’a pas été élevée sur l’Île du Paradis, mais en enfer.
Tout ceci vient d’un plan de Darkseid, qui agit ainsi pour priver les super-héros d’éléments forts et… pourquoi, en fait ? Une partie de la réponse dans ce numéro spécial, donc, signé de l’architecte de DC de ces dernières années, Joshua Williamson (qui a notamment rédigé Dark Crisis, Knight Terrors…), et l’architecte DC d’avant, Scott Snyder (Batman, Metal, Death Metal…), qui revient à la maison.
Ainsi, après avoir fini ce gros one-shot, divisé en vérité en deux segments complémentaires, je me suis fait cette réflexion.
C’est revenu. On y est revenu. On est revenu à ce gros bordel, très prenant, très intense, mais complètement foutraque ; constamment à la lisière du fun baroque déviant, et du lourdingue relou.
On est revenu à l’époque Metal/Justice League/Death Metal… on a le retour de Scott Snyder chez DC.
Oui, en effet, même si Joshua Williamson co-scénarise l’ensemble, c’est bien l’empreinte de Scott Snyder qui est visible et sensible dans tout ceci. Mais reprenons, pour voir chaque partie.
Le segment Alpha par Joshua Williamson & Scott Snyder ainsi que Daniel Sampere et Dan Mora (pour une double-page) est en vérité une conclusion à Absolute Power et un prélude à la série Justice League Unlimited.
Cela se passe un an (« 52 jours ») après Absolute Power, la saga où Amanda Waller emprisonne les super-héros et les prive de leurs pouvoirs. Les héros arrivent à la vaincre, mais doivent pour cela couper la connexion de la Terre DC avec le Multivers, car Amanda Waller avait créé des accords pour de l’aide de super-vilains venus d’ailleurs. Ainsi, un an après, on a l’ouverture officielle d’un nouvel immense satellite de la JL, créé via toutes les bonnes volontés des super-héros, mais aussi la technologie extraterrestre, la Magie, etc. Quantité de super-héros sont sollicités pour en faire partie, dans une composition extrêmement vaste, mais certains bénéficient d’invitations directes – comme Booster Gold, que Superman vient visiter suite à ses actes positifs récents. Michael voit la nouvelle carte de membre et est touché car, dans son futur, dans le Musée où il travaillait, il a vu cette carte comme marqueur d’un temps très bénéfique et positif ici. Tout le monde va ainsi sur le satellite, mais la bonne ambiance est ruinée par une attaque de Darkseid qui a fusionné avec… le Spectre !
Une bagarre se déclenche, Darkseid semble en « vouloir » aux super-héros, qui parviennent à le stopper et à le… détruire ? Darkseid semble en être soulagé, ce qui interpelle. La Trinité discute avec Mr Terrific, gérant global du satellite, et ils identifient un lien avec « The Elseworld », le monde unique créé à l’issue de Death Metal, dit aussi… Alpha World. Darkseid semble être lié à cet autre monde, mais seul quelqu’un avec beaucoup de tachyons peut y aller – donc un voyageur temporel.
Booster Gold se porte volontaire, car il a vu une carte de membre corrompue, ce qui est anormal selon ses souvenirs. Il y va donc, mais découvre un monde corrompu par Darkseid. Il est coupé de Skeets qui devait le ramener et surtout est attaqué par une Légion des Super-héros corrompue par Darkseid !
Le segment Omega, cette fois-ci coécrit par Scott Snyder & Joshua Williamson et dessiné par Wes Craig. C’est une explication, en fait, de ce qu’il s’est passé du côté de Darkseid.
On apprend que, suite à la fermeture des liens avec le Multivers à la fin d’Absolute Power #4, Darkseid a senti un « boost » de puissance, parce qu’il est Un dans l’Univers, et ces perturbations troublent l’ensemble. Il a ainsi « faim », et force Himon à lui créer une Miracle Machine pour obtenir plus. Il sacrifie Kalibak pour l’alimenter, puis part en quête d’une puissance pour le renseigner et obtenir ce qu’il veut : le Spectre.
Il attaque les Enfers et le Paradis, refuse les offres proposées pour l’apaiser, et attaque Eclipso sur la Lune, qu’il abat via un Tunnel-Boum. Il trouve et libère Jim Corrigan avant de fusionner avec l’entité, et « discute » alors avec. Ce dernier valide le fait que Darkseid ait eu un « boost » par la coupure du Multivers, car il est Un dans l’Univers et le repli de Réalité l’a alimenté ; mais ça va se régulariser. Darkseid veut plus, exige plus, et enrage alors que le Spectre l’amène au satellite pour que la JL le stoppe. Darkseid continue de « parler » avec, et finalement comprend qu’il doit s’évaporer pour devenir plus, et il accueille sa disparition avec plaisir pour cela.
Il transforme alors The Elseworld / Alpha World pour y détourner la Trinité et les autres super-héros, afin de les corrompre directement et déséquilibrer la Réalité. Il espère ainsi continuer d’alimenter sa soif de pouvoir, et semble réussir en ayant corrompu la Légion qui attaque Booster.
Quel bordel, hein. Quelle intensité, aussi, quel délire prenant en soi, car totalement foutraque et baroque ; mais quel bordel. Je suis vraiment revenu aux délires de Scott Snyder durant Metal, Justice League & Death Metal, où il flirte avec le geekisme fun et le lourdingue naze.
Là, il va falloir voir, clairement. Les deux segments sont en soi différents : le premier est un prélude grandiloquent, sympathique, mignon mais un peu lourd à Justice League Unlimited. J’aime bien, c’est cool, mais c’est un peu lourdingue dans la grandeur et la magnificence de la JL. Le deuxième segment est plus nerveux, direct, brutal, mais aussi bordélique dans les explications de la discussion entre Darkseid et l’autre.
En soi, ça se lit, ça se lit bien parce que c’est prenant et intense, mais ça reste foutraque, ça brasse plein d’idées et de concepts, c’est bien dessiné avec un Daniel Sampere très bon pour cette grandiloquence et un Wes Craig un peu brut et nerveux encore. Mais ouais… c’est bordélique, intéressant en soi mais dans le geekisme délirant qu’on a déjà connu.
All In annonce ce qu’on pressentait : Scott Snyder revient chez DC, avec ses concepts foutraques, prenants mais bordéliques.
À voir s’il parviendra à mieux s’en tirer que sur Death Metal.
ABSOLUTE BATMAN #1
Arrive donc le lancement de l’univers Absolute avec la série sur Batman, et… hey, mais c’est pas mal, en fait ! J’y allais non pas à reculons mais sans envie et, sans être charmé, j’ai apprécié l’épisode et les changements.
On a ici un monde différent, oui, avec une narration sous le prisme du regard d’Alfred Pennyworth, agent secret mystérieux obligé d’abandonner une traque de cinq ans d’un homme qui a rejoint puis tué la Ligue des Ombres, pour revenir à Gotham, ville qu’il a connue. Il a pour mission, via ses chefs secrets, d’observer le phénomène criminel, avec des mises à mort brutales (+700% de meurtres récemment) liées à une société criminelle, les Party Animals, portant des masques noirs. Alors que le chef de ce groupe fait tomber et tue des Mafieux classiques, ses sbires attaquent lors d’un conseil municipal agité, où le Maire Jim Gordon est maltraité par ses concitoyens, qui se détournent du GCPD dirigé par Harvey Bullock. Une assistante de Gordon veut calmer la foule, mais un criminel tire sur Gordon devant sa fille (Barbara, afro-américaine ; on sent la volonté actuelle d’aller dans ce sens dans les récits alternatifs). Mais alors que Pennyworth ne peut qu’observer, il doit intervenir si « l’autre joueur » de Gotham intervient – et ça arrive, car Batman attaque, tabasse les criminels, y va fort sans jamais tuer ou blesser mortellement, même s’il tranche la main d’un sale type le menaçant avec une hache. Alfred découvre ensuite que c’est Bruce Wayne, ingénieur de Gotham qui a plusieurs amis ici (Waylon qui dirige la salle de sport, Ozzy, Eddie, Selina…) et dont le père, le professeur Thomas Wayne, a été tué dans une fusillade insensée lors d’une visite au zoo de sa classe, après que Bruce ait gagné un prix scientifique (via une invention basée sur une chauve-souris) dont la visite était la récompense. Il a passé sa vie à se former et s’entraîner pour ensuite travailler dans tous les domaines de la ville pour la connaître et la protéger, même s’il veut aussi protéger sa mère, la fameuse assistante de Gordon qu’on a vue avant. Alfred le retrouve dans son repaire, les derniers niveaux de tours en construction au-dessus des nuages, mais la confrontation est intense, et Bruce récupère la moto high tech d’un Pennyworth qui commence à voir en Batman un bienfait pour la ville. Alors que, en parallèle, l’homme qu’il a traqué arrive à Gotham en jet privé, car il est riche, même s’il ne rit jamais… d’où son surnom de Joker.
C’est pas mal, oui. Je trouve que la proposition de Scott Snyder et Nick Dragotta est plutôt bonne et même intéressante, alors que je n’étais pas convaincu. La promotion sur la violence du personnage me paraît un peu abusive car, si ce Batman est effectivement massif, immense et brutal, il est clairement dit qu’il ne tue pas et est un idéaliste. Au fil de la lecture, j’apprécie ce Bruce et les petits changements, ce côté prolétaire ou en tout cas l’idée d’en faire un « sachant de la ville » par l’intérieur, un connaisseur du vrai visage de Gotham pour y avoir traîné, ça me plaît. La version d’Alfred est bonne, les ennemis sont corrects, hormis ce cliffhanger un peu facile. Non, vraiment, j’en suis surpris mais c’est une version alternative intéressante, avec un lancement correct et bien mené, un Bruce qui débute mais n’est pas abusivement sombre.
Graphiquement, Nick Dragotta livre de belles planches, très dynamiques et nerveuses, avec beaucoup de belles images et de bons moments.
Une bonne surprise, et quelques bonnes idées. J’en suis le premier étonné, et j’apprécie.
MARVEL
STORM #1
L’ère Krakoa des X-Men est terminée, et nos Mutants revivent désormais parmi les Humains, craints et haïs par certains, même si une part importante de l’Humanité a de la compassion pour eux. Il y a ainsi plusieurs lancements de séries, dont nous avons déjà parlé ici, et il y a maintenant des titres solos qui sont produits, sur des personnages importants ou surprenants de l’écurie.
Nous voyons ainsi une série sur Storm, cheffe et déesse légendaire des X-Men. Et c’est… un bon début, tiens. Murewa Ayodele, que j’ai beaucoup aimé dans sa mini-série I Am Iron Man, livre un bon lancement et une bonne approche de Storm. On la voit en effet à Atlanta préparer une allocution après plusieurs jours de grande célébrité suite à ses actes à Oklahoma City. Elle est en effet intervenue avec Frenzy lors d’une catastrophe d’une centrale que l’on pensait nucléaire mais non : les scientifiques utilisaient un Kaiju extraterrestre (!) mais c’est un jeune Mutant sans contrôle de ses pouvoirs qui a tout déclenché. Storm n’a rien dit, et a attendu d’avoir confirmation que l’expérience Kaiju n’y est pour rien. Elle hésite à tout dire car les Mutants ont le vent en poupe après ce sauvetage, alors que les scientifiques concernés sont haïs et leurs proches aussi. Finalement, Ororo révèle avoir créé un Storm Sanctuary pour toute personne dans le besoin… et elle dit la vérité, provoquant un rejet des Mutants. Et, en parallèle, on voit que Eternity a conscience d’elle, « son » Eternal Storm…
C’est bien, oui. Le scénariste gère bien son lancement, avec une narration classique mais efficace et un bon flashback. J’apprécie la grandeur et la noblesse de Storm, J’apprécie surtout son dilemme moral bienvenu ainsi que sa décision. Bon, n’étant pas fan-fan du perso, je suis circonspect sur le twist ainsi que la grandiloquence de la voix off, mais pourquoi pas. Dommage que ne soit pas abordée sa claustrophobie. Graphiquement, Lucas Werneck assure et livre de fort jolies planches, bien dynamiques.
Un vrai bon lancement !
SENTINELS #1
Pas mal du tout, pour ce lancement d’un titre annexe sur des personnages nouveaux. Il est probable que ça ne dure pas, que ça n’aille pas loin, mais ça a le parfum de la mini-série glauque et prenante, qui rappelle un peu le Gamma Corps durant World War Hulk. Alex Paknadel livre un lancement efficace, où une équipe d’Humains jadis blessés suite à des événements super-héroïques traumatisants sont désormais dotés de nano-machines Sentinelles, développées par Lawrence Trask, Mutant précog ressuscité par Charles Xavier sur Krakoa et qui collabore avec le Gouvernement américain. Cette équipe intervient ici pour appréhender Omega Red, et ils y arrivent, mais l’un d’entre eux se laisse « déborder » par les nano-machines, et est finalement possédé par elles ; le chef hésite, mais un des gars le tue, comme la consigne le demande. Ca crispe, surtout quand une nouvelle vient vite le remplacer, alors que le fameux chef de groupe nourrit des doutes et remords, et semble vouloir recontacter son fils. Lawrence négocie la possibilité avec ses chefs d’utiliser ses pouvoirs, alors qu’Omega Red est emprisonné dans des labos dans les Tunnels des Morlocks, où le Colosse s’enfuie après des abus. La crise est calmée, mais semble apparaître… Onslaught !
C’est pas mal, oui. Alex Paknadel ne révolutionne rien et ses personnages sont en soi assez basiques, classiques, mais c’est efficace. L’atmosphère est âpre et lourde, et j’apprécie à nouveau de voir ces personnages fracassés par les conflits super-héroïques qui acceptent une offre difficile pour se remettre et avancer, avec toujours leurs traumatismes. Le lien avec Gamma Corps est réel, et je trouve que l’histoire donne du corps à la Graymalkin Prison. C’est fluide, prenant, et Justin Mason livre des planches travaillées, « sales » et bien dans le ton.
Une bonne surprise ; qui ne durera pas, mais fonctionne en soi.
CONCLUSION
Un bon retour, clairement ! Si DC fait feu de tout bois avec All In et Absolute, il faut admettre que la proposition « bordélique » interpelle et intéresse, en espérant que ça retombe mieux sur ses pieds que pour Death Metal. Marvel lance des séries nouvelles sur l’univers X-Men, cela ne durera pas forcément mais les titres ont l’avantage de la surprise et de l’originalité.
Un bon retour, oui ! Avant de futures chroniques régulières !
À bientôt et bonnes lectures !
Merci d’avoir lu ces reviews, n’hésitez pas à dire en commentaire vos avis sur les titres critiqués… ou même d’autres sortis cette semaine qui n’ont pas pu être traités ! L’ensemble de ces critiques sont également postées sur les forums Sanctuaryet Buzzcomics.